Don Choa, 28 ans, marseillais d'adoption, toulousain d'origine, est l'un des 4 MCs du groupe de rap Fonky Family. Après des mois de travail acharné, il sort en novembre 2002 son premier album solo, "Vapeurs Toxiques", titre référence à la catastrophe de l'usine toulousaine AZF, à la pollution, et d'une manière générale au monde moderne. Le style rapide et agressif de Don Choa, ses paroles crues sans censure, déjà marquants au sein de la FF, se révèlent véritablement sur cet album solo impressionnant.
Pensant que certaines vérités sont bonnes à dire, Don Choa se pose en observateur d'une société 'décadente'. Chose déjà flagrante lors de ses apparitions sur les titres des albums "Si Dieu Veut" (commercialisé en janvier 1998) et "Art de Rue" (sorti en 2001) de la Fonky Family, les textes de Don Choa sont du début à la fin de l'album, remplis de références politiques, religieuses ou culturelles, comme si dans l'Histoire, il cherchait questions et réponses.
Il aborde dans son oeuvre les thèmes classiques du Rap: la détresse d'une jeunesse perdue, sa révolte contre un système qu'il juge injuste et le désir de pouvoir s'exprimer librement, son dégoût de la politique politicienne... Don Choa n'en peut plus de "ces dirigeants qui oublient le temps où ils pleuraient pour qu'on leur change leurs couches, s'ils se souvenaient, ils auraient plus d'humanité". Cependant, en dépit de sa révolte sans concessions, Don Choa aspire quand-même à des choses simples : "...grande famille, parabole sur la toiture, immense villa, je file dans la nature, voilà mes rêves immatures aux yeux de certains". Don Choa disserte aussi de manière sensible, crue et inédite (dans le rap) sur les relations humaines ("Jardin Secret" avec comme invités Le Rat Luciano et Faby) et la folie des hommes ("Apocalypse").
Cet album solo est aussi l'occasion pour l'artiste de se livrer à une véritable introspection, de parler de ses maux (J'ai des séquelles dans la mémoire, des squelettes dans l'armoire), mais aussi de jouer avec humour sur le registre morbide avec le titre "Hannibal" où Don Choa se retrouve dans la peau d'un serial killer... à moins que ce soit vraiment le serial killer qui rappe (Moi c'est John Doe, pas Don Cho', celui-la aussi j'l'ai liquidé, ce p'tit français, il faisait style sourcils froncés (...) j'ai mis sa tête dans un bocal en souvenir, puis j'me suis greffé ses cordes vocales).
L'un des points forts de l'album est la richesse de son univers musical: les réalisations sont signées Pone (de la Fonky Family), Le Rat Luciano (Fonky Family), Boussad & Edwyn (réalisateurs de Yaniss Odua) et Kore & Skalp (Rohff, Mafia K1Fry, Lunatic...). Don Choa s'exprime sur des instrumentaux qu'on a peu l'habitude d'entendre, minimalistes ("Aah", "Doucement"), parfois lents ("Vapeurs Toxiques", "Nuit du Chasseur", "Jardin Secret", "7h00 du Mat", "Entrailles"). Don Choa choisit de matiner son rap de choeurs reggae (style I-Threes de Bob Marley), musique dont il est un grand amateur, se permettant même une brillante incursion du côté du ragga énervé avec Yaniss Odua et Liberty King sur le titre "Young Men".
"Vapeurs Toxiques", album intense, sans concession, marquera sans conteste une étape importante dans l'évolution du Rap Français...!